Peter Kürten (26 mai 1883 - 2 juillet 1931), surnommé le « Vampire de Düsseldorf » par les médias de l'époque, demeure l'un des plus célèbres tueurs en série d'Allemagne.
Il fut l'auteur d'une série de meurtres et d'agressions à caractère sexuel, sur des enfants et des adultes, dont la plupart furent commis à Düsseldorf en 1929.
Né dans une famille pauvre de Cologne, troisième d'une fratrie de treize enfants, il eut une enfance marquée par la délinquance et de fréquentes fugues du domicile familial. En effet, dans la famille de son père, on compta plusieurs assassins ainsi que de nombreux débiles mentaux.
La famille Kürten, entassée dans une seule pièce fut régulièrement témoin des ébats d'un père régulièrement ivre et qui, en 1897, fera un an de prison pour tentative de viol sur l'une de ses filles.
Il prétendit plus tard avoir commis son premier meurtre à l'âge de 9 ans : il aurait noyé deux autres enfants pendant une baignade.
Envoyé en prison, il "fêta" sa libération en étranglant une jeune fille dans un bois mais la victime survécut.
Sa famille déménagea à Düsseldorf en 1894.
Il fit quelques passages en prison, pour vol et pytromanie.
Etant tombé amoureux d'une jeune fille, il vit ses avances repoussées et se vengea en lançant une hache à la tête de sa dulcinée, la manquant de peu. Lorsque le père de la victime vint lui dire son fait, Kürten l'accueillit à coups de revolver mais manqua sa cible. Ces agissements lui valurent une condamnation à deux ans de prison.
Incarcéré, Kürten envisagea d'éventrer une femme enceinte, de faire dérailler un train, d'incendier un hôpital ou de distribuer des bonbons empoisonnés à la sortie des écoles.
Libéré en 1904, il fut appelé au service militaire mais déserta aussitôt et entama une carrière d'incendiaire.
A nouveau interpellé, il fut condamné à une nouvelle peine de prison, de sept ans cette fois.
Le 25 mai 1913, il étrangla une enfant de neuf ans dans une chambre d'hôtel puis se mêla aux clients pour "profiter" de la découverte du crime. Son plaisir dépassa ses espérances car l'oncle de la victime, un nommé Otto Klein, fut accusé du meurtre, s'étant disputé avec le père de l'enfant la veille et ayant promis de ce venger. Klein sera acquitté deux ans plus tard.
Lassé, il se procura une hache et attaqua plusieurs personnes dans des parcs, recherchant le plaisir de voir le sang jaillir d'un membre coupé.
Sa première condamnation pour meurtre fut prononcée en 1913 : lors d'un braquage, il étrangla une jeune fille. Kürten passa donc huit ans en prison, jusqu'en 1921, année qui le vit emménager à Altenburg, où il devint ssyndicaliste. Condamné à huit ans de prison, Kürten échappa ainsi aux tueries de la première guerre mondiale.
Libéré en 1921, Kürten jeta son dévolu sur une femme et lui proposa le mariage. Devant son refus, il la menaça de mort et obtint ainsi son accord ! Notons au passage de Frau Kürten avait elle-même purgé quatre ans de prison pour un meurtre commis quelles années plus tôt.
En 1925, il retourne à Düsseldorf où, quelques années plus tard, il devait plonger la population dans la peur.
La pire série de meurtres de Kürten débuta le 3 février 1929. Une femme nommée Appolonia Kuhn fut agressée en rue, recevant une vingtaine de coups de ciseaux. Elle survécut à son agression mais ne parvint pas à donner de description de son assaillant.
Dix jours plus tard, Rudolf Scheer fut tué de nombreux coups de ciseaux. Les policiers constatèrent que le meurtrier avait bu le sang qui s'écoulait par les tempes perforées, un type de blessure qui deviendra typique du Vampire.
Le 10 mars, le corps d'un enfant fut découvert, présentant le même type de blessures. Si les policiers estimèrent rapidement être en présence d'un même tueur, ils s'interrogèrent toutefois sur les différences existant entre les victimes. L'absence de points communs entre elles allait grandement compliquer la traque du tueur.
Dans les mois qui suivirent, plusieurs femmes furent frappées à coups de ciseaux ou étranglées jusqu'à l'évanouissement et laissés pour mortes.
On ne put jamais établir le nombre d'agressions avec certitude, certaines victimes, honteuses d'avoir suivi un inconnu dans un parc, ayant renoncé à déposer plainte.
En juillet 1929, se jouant des patrouilles de police, Kürten attaqua deux femmes en les capturant au lasso! Les victimes eurent la chance de voir l'agresseur mis en fuite par l'arrivée opportune de passants.
Ce même mois, la police arrêta un suspect du nom de Johann Strausberg, un débile mental qui avoua tout. On mit les incohérences de ses aveux sur le compte de sa faiblesse d'esprit.
Dans le même temps, plusieurs dizaines d'individus s'accusèrent d'être le Vampire.
En août 1929, Maria Hahn fut étranglée et poignardée. Le Vampire enterra son corps et envoya aux services de police le mot suivant : "Meurtre à Pappendelle. Au lieu marqué d'une croix. Là où nulle herbe ne croît. Surmonté d'une grosse pierre. Un corps gît sous terre."
Ayant découvert la victime, les policiers remarquèrent un individu qui les observait à distance à l'aide d'une longue vue. Ils tentèrent de l'arrêter mais l'homme parvint à prendre la fuite.
En ce même mois d'août, plusieurs femmes tombèrent sous les coups de marteau du Vampire. Trois eurent la chance de survivre.
Le 21 août, le Vampire sema la terreur lorsque, muni d'une fine lame, il poignarda deux femmes et un homme en l'espace de deux heures sur le site d'une fête foraine.
Les victimes survécurent mais donnèrent des descriptions très divergentes de l'auteur.
Le 24 août, Kürten agressa deux enfants de 5 et 14 ans dans un terrain vague. Ayant demandé à la plus âgée d'aller lui chercher du tabac, il égorgea la petite fille puis poignarda l'autre enfant à son retour. Les autorités réagirent à ce massacre en proposant une prime de cinq mille marks à toute personne qui permettrait l'arrestation du tueur.
Le lendemain même, Kürten tenta de poignarder une femme qui survécut car la lame du poignard de l'assassin se brisa.
Puis une autre femme fut tuée à coups de marteau dans un parc.
Une dizaine de jours plus tard une prostituée du nom d'Elizabeth Dörrier fut sauvagement poignardée et décéda à son arrivée à l'hôpital.
La police allemande accentua sa présence dans les rues, contrôla avec attention toutes les lettres de dénonciation et fit appel à plusieurs graphologues et psychologues, mais en vain.
Le 14 mai 1930, Maria Budlik fut importunée par un individu entreprenant lorsque surgit un homme qui chassa l'importun. Rassurée par la mise élégante de l'inconnu, la jeune fille accepta d'aller prendre un remontant à son domicile. Après une période de galanterie, l'homme saisit la femme à la gorge mais la relâcha. Puis, il lui demanda "Vous souviendrez-vous où j'habite ?" Maria Hahn répondit que non et quitta les lieux sans problème.
La jeune fille ne porta pas plainte mais décida de raconter sa mésaventure par lettre à une amie du nom de Brückner.
C'est alors qu'un hasard incroyable joua son rôle. Un facteur trop pressé déposa la lettre de Frau Brückner dans la boite aux lettres de Frau Brügmann. Lorsque celle-ci ouvrit la lettre, elle fit le rapprochement avec le Vampire et contacta la police.
Maria Budlik, contactée par la police, confirma se souvenir du nom de la rue où habitait l'homme en question : Mettmannerstrasse.
Conduite sur place, elle désigna l'immeuble portant le numéro 71.
Kürten, qui rentrait à ce moment, comprit qu'il était démasqué et parvint à prendre la fuite.
De retour en leurs bureaux, les policiers identifièrent l'occupant des lieux comme étant Peter Kürten et découvrirent l'importance de son casier judiciaire. Il apparut également que Kürten avait fait l'objet de trois lettres de dénonciation. Ces lettres étaient passées inaperçues dans le flot de dénonciations alors reçues par les policiers, soit neuf cent mille.
Le 23 mai 1930, Kürten s'arrangea pour rencontrer discrètement sa femme et lui avoua être le Vampire de Düsseldorf. Afin d'assurer l'avenir de son épouse, il lui proposa d'être celle qui le dénoncerait afin qu'elle puisse toucher la récompense promise pour la capture du monstre.
Ils se séparèrent et se donnèrent rendez-vous le lendemain devant l'église Saint-Rochus pour l'acte final.
A l'heure et à l'endroit prévu, Kürten alla au-devant des policiers et se laissa appréhender sans résistance.
Pendant son interrogatoire, il avoue près de 80 crimes, mais, à son procès qui débute en avril 1931, l'accusation retient contre lui neuf meurtres et sept tentatives de meurtre. Il tente d'abord de plaider non-coupable, mais change rapidement de tactique.
Il est jugé coupable et condamné à mort. Il est guillotiné le 2 juillet 1931 à Cologne.
Le procès de Kürten s'ouvrit le 1" avril 1931.
Dès le début des débats, il s'amusa à revendiquer un double meurtre pour lequel 2 innocents avaient été condamnés à mort.
Il avoua une cinquantaine de meurtres. Seize lui furent officiellement reconnus.
La défense plaida la démence. Un psychiatre, le professeur Berg, déclara que Kürten était un psychopathe uniquement intéressé par l'assouvissement de son désir.
Toutefois, la Cour le jugea sain d'esprit.
Aucune excécution capitale n'ayant été pratiquée en Allemagne depuis des années, la ligue des droits de l'homme tenta de faire pression sur le ministre de la Justice.
Le 1er Juillet 1931, son appel ayant été rejeté, Kürten fut informé u'il serait exécuté le lendemain.
La nuit durant, il écrivit aux familles des victimes pour implorer leur pardon.
Après l'execution, le cerveau de Kürten fut examiné par des médecins qui ne lui trouvèrent aucune anomalie. Peter Kürten était "normal".
Sa femme confirmera qu'il n'avait jamais été violent à son égard. Propret et maniaque, Kürten aimait se lever à l'aurore pour écouter les oiseaux chanter; il les reconnaissait tous à leur chant... Un autre aspect d'un tueur sanguinaire...
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Films
Le réalisateur allemand Fritz Lang s'inspira en partie de ce fait-divers pour son film M le maudit (dont la première eut lieu à Berlin le 11 mai 1931, trois semaines après la condamnation à mort de Kürten).
Commentaires
Wonderful