Définition : Trouble du sommeil provoquant une paralysie parfois accompagnée d'hallucinations, à l'origine de certains cas de hantise ou de possession
La paralysie du sommeil est un trouble intervenant lors de l'endormissement (on parle alors deparalysie hypnagonique) ou lors du réveil (paralysie hypnopompique).
La personne est consciente, mais se trouve dans l'incapacité du bouger pendant plusieurs minutes.
La paralysie du sommeil est un phénomène relativement courant et répandu, dans la mesure où 1/4 de la population a vécu au moins une fois dans sa vie une expérience de ce genre.
La paralysie du sommeil peut expliquer les croyances de certaines populations en l'existence des vampires. Tout comme la porphyrie, ses symptômes sont donc intimement liés aux mythes du vampirisme.
On trouve des références à ce trouble dans certaines peintures classiques ou encore dans les oeuvres mettant en scène des vampires psychiques.
En temps normal, la paralysie du sommeil est un phénomène naturel se produisant chez tous les êtres humains durant le sommeil : elle empêche que la personne ne bouge lorsqu'elle rêve et qu'elle ne se blesse par des mouvements incontrôlés.
Lors du sommeil paradoxal, les motoneurones du tronc cérébral sont inhibés, les influx nerveux y circulant sont alors bloqués. Selon certaines hypothèses, cette inhibition s'expliquerait par un très faible taux de mélatonine, qui empêcherait la dépolarisation des neurones. Tous les muscles du corps se retrouvent donc paralysés, sauf ceux des activités métaboliques essentielles : respiration, digestion et circulation sanguine. Les muscles contrôlant les déplacements des yeux ne sont pas bloqués eux non plus – ce qui explique que la phase paradoxale du sommeil soit caractérisée par des mouvements oculaires rapides.
Lors d'une paralysie du sommeil, la personne est pleinement consciente mais son corps est complètement paralysé (à l'exception des yeux qui peuvent éventuellement encore bouger). Certains rares témoins ont affirmé avoir réussi à effectuer quelques mouvements, mais avec énormément de difficulté.
La paralysie du sommeil s'accompagne souvent d'hallucinations visuelles et auditives, chez environ 1/3 des gens en souffrant. Celles-ci sont provoquées par l'état de confusion et de panique dans lequel se trouve la personne qui bien souvent ne comprend pas ce qui lui arrive.
Les hallucinations peuvent être discrètes (simples bourdonnements ou sifflement dans les oreilles), mais elles peuvent également revêtir un caractère plus effrayant : sensation d'une 'présence hostile' dans la chambre ; bruits de pas, de respirations ou de voix ; visions d'ombres ou de silhouettes, voire d'apparitions démoniaques extrêmement réalistes ; sensation de contact tactile...
"La Nuit"
Lorsque la paralysie est accompagnée d’hallucinations hypnagogiques, il existe plusieurs degrés d’hallucination, pouvant varier de l’illusion fugace à l’hallucination complète où la personne est convaincue d’avoir vécue une expérience réelle. Dans les deux tiers des cas, les personnes éprouvent juste la sensation d’une présence ou d’une entité. Cette présence est la plupart du temps « ressentie », le sujet ayant l’impression qu’elle est hors du champ de vision, debout dans la pièce ou assise sur le lit. Parfois cette présence paraît inquiétante, inquisitrice ou maléfique. Plus rarement, elle peut se montrer agressive, et s’asseoir sur le torse du dormeur pour essayer de l’étouffer ou de l’étrangler. Partout dans le monde, en Occident comme en Orient, ce phénomène a donné naissance à diverses représentations : Old Hag (la vieille sorcière) en Amérique du Nord ; incubes et succubes en Europe ; le Broyeur d’os dans les pays baltes, etc.
D’autres types d’hallucinations sont parfois rapportées : sonores (craquements, claquements dans la tête ou la nuque, bruits secs, bangs, sonneries) ; tactiles (contacts physiques, sensation d’être tiré par les pieds, vibrations dans le corps, tremblements) ; visuelles (tâches lumineuses, auras, boules de lumière, perception des objets dans le noir) ; kinesthésiques (sensations de flottement, de chute ou d’expérience hors du corps).
L'aspect que prend l'hallucination est très dépendant du caractère de la personne, de son imagination, de son état physiologique... mais également (et surtout) du substrat culturel de celle-ci et de ses croyances. C'est ce qui explique que certaines figures (telle celle de la vieille sorcière, ou Old Hag en anglais) reviennent de façon récurrente dans les témoignages de personnes ayant vécu une paralysie accompagnée d'hallucinations.
La paralysie du sommeil est donc très probablement à l'origine de certains cas de supposées hantises ou possessions. Elle explique également la légende (mondialement répandue) des esprits cauquemars, qui se posent sur la poitrine du dormeur et l'écrasent de leur poids.
La paralysie du sommeil ne présente aucun danger pour la personne qui la vit, en dehors de l'expérience désagréable occasionnée par les hallucinations.
Il semble cependant qu'avec une certaine habitude du phénomène et en gardant son calme, le dormeur puisse arriver à contrôler les hallucinations qu'il subit, à la façon d'un rêve lucide ; il arrive également à retrouver le contrôle de son corps plus rapidement et avec plus de facilité. La paralysie du sommeil cesse alors d'être une expérience traumatisante.
Si les crises sont persistantes, il est recommandé de vérifier si elles ne sont pas associées à la narcolepsie (caractérisée par un temps de sommeil excessif durant lequel un individu ressent une extrême fatigue et peut possiblement s'endormir involontairement à un moment non-adapté, comme au travail , à l'école, ou dans la rue.). Autrement, à moins de formes sévères ou familiales, il n'est besoin d'aucun traitement médicamenteux.
Bien que le trouble ne présente aucun danger en soi, il peut avoir un fort impact psychologique sur le sujet. C'est généralement l'angoisse accompagnant les crises qui amène la personne souffrant de paralysie du sommeil à consulter.
Aussi le traitement doit lui permettre de relativiser son expérience par l'explication des phases du sommeil et en particulier de l'atonie musculaire du sommeil paradoxal
Il faut bien sûr limiter les facteurs favorisants, s'il s'en trouve.
Il ne faut pas confondre la paralysie du sommeil avec :
Le cauchemar - Nicolai Abraham Abildgaard
On peut plus difficilement confondre la paralysie du sommeil avec les terreurs nocturnes, qui touchent le plus souvent des enfants de 6 à 12 ans : celles-ci se produisent au cours de la nuit, dans les premières heures du sommeil ; loin d'être immobilisé, le sujet est retrouvé assis sur son lit en sueur, les yeux ouverts et fixes, montrant des signes de panique (cris, pleurs, gesticulations ou propos incohérents). Il n'est pourtant pas véritablement réveillé et ne garde généralement aucun souvenir de l'épisode le lendemain.
Durant les épidémies de "Vampirisme" du 18e siècle en Europe de l'Est, la population était sensible à la superstition et aux événements surnaturels.
Ne connaissant pas le processus de décomposition des corps, les cadavres gonflés passés pour des vampires gorgés du sang de leur victimes. Une véritable psychose régnait dans les villages ou les habitants attribuaient tout phénomène anormal aux forces maléfiques.
En proie à la peur, les villageois sujets aux paralysie du sommeil croyaient voir leurs proches défunts, revenus dans leur sommeil pour les tourmenter.
Le Vampire du Folklore suçait parfois le sang de ses proies, mais dans la majorité des récits de l'époque, il étouffait ses proches.
Ne dit-on pas également que le vampire influence les rèves ?
Les hallucinations éprouvées lors de la paralysie du sommeil sont liées à l'état d'esprit du sujet et à ses croyances personnelles.
En fonction de l'époque, les mêmes symptômes (paralysie, étouffement, angoisse profonde et sensation d'une présence " surnaturelle ") s'incarnent ainsi de différentes manières.
Durant l'antiquité, l'être qui étouffait le dormeur possédait fréquemment un visage démoniaque, mi-humain mi-monstrueux. Ses traits étaient souvent féminins, évoquant les vieilles sorcières.
La légende des incubes et succubes peut également s'expliquer de cette manière, même si les symptômes d'excitation sexuelle sont assez rares dans le cas d'une paralysie du sommeil.
De nos jours, ce trouble pourrait être à l'origine de nombreux témoignages d'enlèvements par des extra-terrestres.