Le Syndrome de Renfield, ou vampirisme clinique, est une déviance mentale rare qui pousse un individu, (généralement un homme), à boire du sang humain - le sien ou celui d'autrui. Il s'apparente ainsi aux vampires.
Ce comportement est associé dans certains cas à des tendances sadiques, nécrophiliques ou cannibaliques.
Si l'on en croit la légende du vampire, ce n'est vraiment qu'après que la victime du vampire se soit nourrie pour la première fois, qu'elle ait goûté le sang pour la première fois, que cet individu passe de l'autre côté et devient vampire. Ils sont ensuite et pour toujours à la merci de cette folle soif de sang que cette expérience fait naître.
Ce passage de l'autre côté, cet effondrement du tabou culturel interdisant de boire du sang, est ce qui marque le début de la maladie du vampirisme, dans la légende aussi bien qu'en réalité. C'est la raison pour laquelle le phénomène moderne appelé "vampirisme clinique" est peut-être plus compréhensible en termes de théorie primitive d'une maladie causée par la violation d'un tabou. L'excitation ressentie en réalisant un acte interdit ne fait que renforcer le comportement et augmente le plaisir qui sera répété et répété encore.
Herschel Prins (1984), une autorité britannique en ce qui concerne le vampirisme clinique dont les recherches ont permis de définir le syndrome, note que, dans la littérature psychiatrique, le mot "vampirisme" a été utilisé pour couvrir un large spectre de phénomènes.
Des activités aussi rares que la nécrophagie (manger la chair des morts), la nécrophilie (sexe et contact avec des corps morts), le cannibalisme, et autres types de lustmord (lust-murder [meurtre avec convoitise]) comme le nécrosadisme (maltraiter des corps) ont été regroupés sous ce terme depuis le 19ème siècle en y ajoutant le sens traditionnel de boire le sang des autres (vampirisme) ou son propre sang (autovampirisme).
Tous ces comportements sont étudiés conjointement dans un article sur les "syndromes de pratiques sexuelles anormales", écrit par Rebal, Faguet et Woods (1982).
Il est tout à fait concevable que Bram Stoker soit tombé sur la traduction anglaise de 1892 de "Psychopathia Sexualis" (1886), écrit par le célèbre neurologue et psychiatre allemand Richard van Krafft-Ebing (1840-1902), qui contient beaucoup de comptes-rendus vivants de cas de meurtres avec convoitise impliquant la nécrophagie, la nécrophilie, l'ingestion de sang, et l'excitation sexuelle que certains individus ne peuvent atteindre qu'en voyant le sang frais de leurs partenaires sexuels couler, ou en se l'imaginant couler.
Les vampires dans le livre de Stoker commettent des meurtres abjects avec convoitise sur des hommes, des femmes et même sur des enfants, meurtres qui semblent similaires à ceux figurant sur les graphiques du célèbre texte de Krafft-Ebing.
L'expert en pathologie sexuelle du 19ème siècle définit "lustmord" comme une "convoitise potentiellement cruelle, une convoitise criminelle s'étendant à la nécrophagie" (Krafft-Ebing, 1892, p.62). Le meurtre ressemblant le plus à celui d'un vampire est celui, cité à plusieurs reprises, d'un viticulteur de 19 ans du nom de Leger :
"Cas 19…. D'humeur changeante, silencieux, timide en société depuis sa jeunesse. Il se met en quête d'une situation. Il erre depuis huit jours dans la forêt quand il attrape une fille de douze ans, la viole, mutile ses parties génitales, arrache son cœur, en mange une partie, boit son sang et enterre les restes. (Krafft-Ebing, 1892, pp.63-64)"
L'article écrit par Prins dans cette collection inclut son schéma de classification concernant les divers degrés de ce qu'il considère être la meilleure définition du vampirisme.
Comme il le remarque lui-même, il est basé sur le travail de Bourguignon (1977 ; 1983).
Le modèle du vampirisme clinique proposé ici (et basé sur la lecture de nombreux cas) définit le syndrome en exposant un parcours clair qui peut s'appliquer à tous les cas dans un ou plusieurs de leurs aspects. Il propose également de donner au syndrome du fétichisme sanguin et sexuel appelé vampirisme clinique, un nouveau terme éponyme pour les futurs traitements psychiatriques et de le renommer "syndrome de Renfield" en l'honneur du personnage présent dans le "Dracula" de Bram Stoker qui porte les mêmes signes et symptômes classiques de ce désordre.
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Evolution de la maladie
La progression du syndrome de Renfield suit un parcours typique dans de nombreux cas :
- L'autovampirisme est souvent développé en premier, dans l'enfance, en se faisant des plaies ou des coupures dans la peau pour saigner, lequel est alors avalé. Plus tard, l'enfant apprendra à ouvrir des vaisseaux plus importants (veines, artères) afin de boire un flot de sang chaud plus directement. Le sang peut être alors ingéré au moment de la coupure, ou être gardé dans des bocaux ou autres contenants pour une soif ultérieure, ou pour d'autres raisons. La masturbation accompagne souvent la pratique de l'autovampirisme.
- La zoophagie (littéralement le fait de manger des créatures vivantes, mais plus spécifiquement de boire leur sang) peut se développer avant l'autovampirisme dans quelques cas, mais c'est généralement la seconde étape. Les personnes souffrant du syndrome de Renfield peuvent, eux-mêmes, attraper et manger ou boire le sang de créatures vivantes comme des insectes, des chats, des chiens, ou des oiseaux. Le sang des autres espèces peut être obtenu dans des lieux comme les boucheries, les marchés et est ensuite ingéré. L'activité sexuelle peut, ou non, accompagner cette pratique.
- Le vampirisme, dans sa vraie forme, est l'étape suivante du développement - se procurer et boire le sang d'êtres humains. Cela peut se faire en volant du sang dans les hôpitaux, dans les laboratoires etc, ou en essayant de le boire directement sur les autres. Normalement, cela implique une sorte de consentement mutuel lors de l'acte sexuel, mais dans le cas des meurtres avec convoitise et des autres crimes violents, l'activité sexuelle et le vampirisme peuvent ne pas être acceptés.
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Renfield… ce nom me dit quelque chose ?
Dwight Frye incarnant Renfield dans "Dracula" de 1931
Cette appellation est due à Richard Noll, un psychologue américain et auteur en 1992 d'un ouvrage en anglais : " Vampires, werewolves, & demons : 20th century reports in the psychiatric literature ", publié aux éditions Brunner - Mazel.
Richard Noll a souhaité nommer ce désordre mental en référence au personnage du roman " Dracula " de Bram Stoker.
En effet, Renfield, enfermé dans une clinique psychiatrique, est soumis aux même symptômes. Totalement obsédé par le sang, il souhaite attraper des insectes puis des animaux de plus en plus gros pour s'en procurer. Après avoir côtoyé le Comte Dracula, Renfield pense que le sang lui permettra de se nourrir d'énergie vitale. Il ne cesse de répéter : " Le sang s'est la vie ! ".
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L'obligation de boire du sang est presque toujours associée à une pratique sexuelle forte.
Le sang peut quelquefois prendre une signification quasi mystique en tant que symbole sexualisé de vie et de pouvoir, d'où un sentiment de bien-être et de prise de pouvoir vécu par les malades qui pratiquent ce genre d'activités.
Les personnes souffrant du syndrome de Renfield sont en majorité des hommes.
La caractéristique définissant le syndrome de Renfield est la dépendance, l'obligation de boire du sang. Les autres activités liées comme la nécrophilie et la nécrophagie qui n'ont pas pour but l'ingestion de sang ne sont pas à ranger dans les aspects de ce désordre.
Les individus souffrants de ce trouble mental ne sont évidemment pas de véritables vampires. Ce sont les médias qui les ont apparentés aux vampires, du fait de leurs actes monstrueux et sanguinaires.
Certains criminels récents se prennent pour des vampires ou vénèrent le mythe : De nombreux tueurs en série étaient sujets au vampirisme clinique : Peter Kurten (le vampire de Dusseldorf), John Haig (le vampire de Londres) ou encore Fritz Harrmann (le vampire de Hanovre), HenryBlo, le Sergent Francois Bertrand...